Philippe Korcia, patron de l'Upe 13 : « Il faut tirer un trait sur les PGE »
Article publié dans La Provence, le 27.10.2020
Vous étiez présent samedi à lors de la rencontre entre le Premier ministre et les acteurs du territoire. Quel était votre sentiment en sortant ?
Philippe Korcia : Moi, j'ai très clairement acté au Premier ministre dans quelle situation catastrophique nous étions. Une situation dans laquelle les décrets ne sortent pas en temps voulu alors que les annonces sont faites de façon très médiatique. J'ai également expliqué sans animosité quels étaient les risques de vouloir appliquer des aides et non pas des exonérations aux entreprises touchées par la crise. Celles qui connaissent une baisse de chiffre d'affaires de 70 % sans visibilité, on ne peut pas continuer à leur dire : vous avez mur de dettes devant vous, à rembourser sous cinq ans pour ensuite repartir. Pour restaurer nos marges, il faudra du temps, et de l'activité. Laquelle est très incertaine dans l'année à venir. J'ai donc dit : si vous ne voulez pas une crise sociale sans précédent (- 20 % des 100 000 entreprises vont peut-être disparaître, ce qui pourrait mettre plus de 100 000 personnes des Bouches-du-Rhône au chômage, on arriverait à déficit énorme de l'assurance chômage...), il faut donner une visibilité, être proactif.
Que proposez-vous ?
On tire un trait pour les PGE (prêts garantis par l'État, Ndlr) pour toutes les entreprises fortement impactées, on trouve une solution pour les exonérer les charges sociales et on donne un gage pour les entreprises de sauvegarder l'emploi. Nous ne voulons pas l'aumône, nous n'avons jamais voulu être dans cette situation, mais nous sommes contraints. Si on ne fait rien, à la crise sanitaire s'ajoutera une crise économique et sociale, ce sera un cataclysme.
Ne craignez-vous pas que de telles mesures génèrent un sentiment d'injustice entre les entreprises qui verront leur dette effacée et les autres ?
Celui qui a perdu 30 ou 40% de son chiffre d'affaires peut peut-être rebondir, mais pour celui qui a perdu 70%, ce n'est pas possible. Je le répète : je ne demande pas l'aumône, mais nous ne voulons pas, par la faute de cette terrible crise disparaître. Il ne s'agit pas une erreur de gestion, nous sommes contraints.
Pensez-vous que de telles propositions ont des chances d'êtres retenues par le gouvernement ?
En tout cas, ça n'a pas été refusé. Quand j'ai parlé du PGE, le Premier ministre n'a pas exclu cette idée. C'est dans ce sens que je vais appeler à une pétition et à une grande conférence sociale, pour que la mobilisation collective aboutisse à la sauvegarde de l'économie. L'UPE 13 a ce rôle de fédérer les énergies économiques.
Concrètement, quelle forme va-t-elle prendre ?
La pétition sera lancée en ligne, après les vacances pour demander l'effacement du PGE et l'exonération des entreprises de moins de 20 salariés, des secteurs S1 et S1 bis (l'hôtellerie, restauration, cafés, tourisme, événementiel, sport, culture, Ndlr) ayant subi plus de 60 % de baisse de chiffre d'affaires à cause de la crise. Elle sera envoyée d'abord à tous les adhérents de l'UPE, mais tous ceux qui souhaiteront rejoindre la démarche seront les bienvenus. Elle sera adressée au président de la République directement. Le 12 mars dernier, il a dit qu'aucune entreprise ne disparaîtrait à cause de Covid, il faut aller au bout de la démarche. Plus que jamais, les entreprises ont un vrai rôle social, créent de la valeur et de la richesse. Pour sauver notre pays, il faut sauver les entreprises.