Message de Patrick Martin, président du Medef
Publié le 27/09/24
Chers amis,
Face à la dégradation alarmante de nos finances publiques et alors que la France est déjà placée en procédure de déficit excessif par Bruxelles, il est urgent d'agir.
Parce que les entreprises seraient les premières victimes d'une crise budgétaire qui se transformerait en crise économique et sociale dévastatrice aux conséquences dramatiques, j'ai échangé avec le Premier ministre sur les voies et moyens permettant d'éviter cette crise.
Depuis, le Gouvernement semble esquisser un plan d'économie de 21 milliards d'euros.
Surtaxe d'IS pour 7 milliards, augmentation des charges patronales pour 4 milliards, rabot sur le CIR, le Pacte Dutreil, la prime apprentissage, augmentation du PFU, cette potion qui relève du poison aurait incontestablement un effet dévastateur sur la compétitivité des entreprises, sur la croissance et l'emploi.
Où sont les efforts budgétaires de l'État ? C'est pourtant là la priorité absolue !
La sphère publique doit faire des économies massives, structurelles et immédiates sur ses dépenses courantes avant de céder à la facilité d'augmenter ses recettes par la pression fiscale. C'est le préalable, incontournable et non négociable à toute autre action. Or, ce que dessine ce projet d'économies n'est pas suffisant au regard de la situation : Pour l'activité, pour l'emploi, pour la France !
Notre pays qui n'a jamais été autant fracturé, autant surveillé par les marchés, autant instable politiquement ne pourrait supporter une telle estocade, ça lui serait fatal.
Dans un esprit de responsabilité, parce que le rééquilibrage de nos comptes publics et le rétablissement de notre situation budgétaire sont un enjeu national qui nous concerne tous État, entreprises, citoyens - j'ai proposé au Premier ministre des pistes d'économies. Mais je considère de ma responsabilité et de l'intérêt de toutes les entreprises de France et de tous les territoires de ne pas nous installer dans des combats de postures, alors que c'est par un dialogue très responsable et républicain que nous pourrons influencer les décisions publiques.
Ces pistes d'économies représenteraient 30 milliards d'euros ! Lutte contre la fraude sociale (13 milliards - Source : Haut Conseil du financement de la protection sociale) en particulier sur les cotisations sociales, rapprochement des 438 opérateurs de l'Etat des standards internationaux (3 milliards - Source : EY), transformation digitale des administrations publiques et numérisation de toutes les procédures administratives (12 milliards - Source : EY), renforcement du contrôle de l'absentéisme dans le secteur public (2,93 milliards - Source : IGAS/IGF, calcul MEDEF ), réforme du régime social des travailleurs frontaliers qui ne cotisent pas en France mais sont pris en charge par le régime (800 millions - Source : Unedic ). Par ailleurs, la surrèglementation coûte à la France 60 milliards d'euros (Source : OCDE). Simplifier drastiquement la vie des entrepreneurs, des Français, comme les Allemands ont pu le faire en économisant au passage 12 milliards, est prioritaire ! Voilà des économies qui participeraient à enrayer la spirale de la dépense publique sans mettre à genoux l'économie !
Face à l'urgence de la situation, ne cédons pas à la facilité. Il faut des décisions courageuses, structurelles, qui ne compromettent en rien l'activité économique, l'emploi et la prospérité du pays.
Ce sont là les positions que je n'aurai de cesse de porter.
Dans l'intérêt de nos 200 000 entreprises, des 10 millions de salariés qu'elles emploient. Dans l'intérêt du pays.
Vous pouvez compter sur moi.
Patrick Martin